De plus en plus d’enfants sont exposés à une ou plusieurs langues dans leur quotidien. Selon le contexte, le bilinguisme peut être simultané (langues apprises en même temps) ou séquentiel (langues apprises l’une après l’autre).
Les parents ont souvent des questionnements en lien avec le bilinguisme/multilinguisme chez l’enfant. Plusieurs mythes sont d’ailleurs véhiculés à ce sujet. En voici quelques-uns :
Mythe #1 : L’enfant sera mélangé s’il est exposé à plus d’une langue.
FAUX. Les enfants sont habituellement doués pour départager les langues entre elles. Bien que plusieurs d’entre eux utilisent souvent des termes dans une autre langue lorsqu’ils ne connaissent pas un mot dans la langue actuellement parlée, cela ne doit pas être interprété comme étant de la confusion. Cela peut même être une stratégie efficace pour se faire comprendre. Notons que l’exposition dans les deux (ou quelques) langues apprises doit être suffisante pour que l’enfant puisse bien les développer. Par exemple, une exposition de 80% au français et 20% à l’anglais ne sera peut-être pas suffisante pour que l’enfant devienne rapidement à l’aise en anglais. Par ailleurs, une exposition de 60% au français et 40% à l’anglais sera plus favorable au développement de l’anglais et favorisera un meilleur développement de cette langue.
Mythe #2 : Pour éviter de mélanger l’enfant, chaque personne qui l’entoure devrait lui parler dans une seule langue.
FAUX. Cette façon de procéder est bien difficile à appliquer au quotidien et les recherches actuelles démontrent qu’une telle distinction n’est pas nécessaire. Ce qui est important, c’est d’interagir avec l’enfant dans une langue avec laquelle on est à l’aise et que l’on maitrise bien.
Mythe #3 : Si l’enfant éprouve des difficultés dans une première langue, il serait préférable de ne pas l’exposer à une deuxième langue.
FAUX. Plusieurs aspects du langage se transfèrent naturellement d’une langue à une autre : on ne recommence pas tout depuis le début. Par exemple, un enfant peut expliquer une situation ou raconter une histoire en arabe, même si sa langue maternelle est l’anglais. Ces compétences se transfèrent d’une langue l’autre. Il en est de même pour l’apprentissage de l’écrit. Un enfant peut lire en anglais, même si l’apprentissage explicite des principes de la lecture s’est fait en français (à condition, bien sûr, qu’il connaisse les correspondances entre les lettres et le son des lettres en anglais). Même si l’apprentissage de la langue maternelle est plus ardu, pensons notamment aux enfants ayant un trouble de langage, une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme, l’apprentissage d’une langue seconde est tout à fait possible, à leur rythme.
Mythe #4 : Le bilinguisme entraine un retard dans l’acquisition du langage.
FAUX. Les enfants exposés à deux ou plusieurs langues acquièrent généralement le langage au même rythme que leurs pairs monolingues. Par ailleurs, on peut remarquer un léger retard dans l’acquisition du vocabulaire par rapport aux enfants monolingues. En bas âge, l’enfant bilingue a souvent moins de vocabulaire dans chacune des langues parlées si on les regarde séparément. Or, lorsqu’on regarde le vocabulaire combiné de l’enfant dans les deux langues parlées, celui-ci est souvent plus étendu que le vocabulaire de ses pairs unilingues du même âge. L’apparence de retard sur le plan du vocabulaire se résorbe souvent rapidement. Le vocabulaire de l’enfant bilingue dans chacune des langues rattrape celui des enfants exposés à une seule de ces langues.
Mythe #5 : Afin de bien préparer l’enfant pour son entrée à l’école, il faudrait commencer à lui parler dans la langue qui sera utilisée à l’école le plus tôt possible et le plus souvent possible.
FAUX. Ce qui est le plus important, c’est d’aider l’enfant à développer son langage en lui offrant des modèles riches et variés qui sont légèrement plus complexes que ce qu’il est en mesure de produire. Vous serez donc de meilleurs modèles dans une langue que vous maitrisez bien.